L'oeil de Moscou sur Internet

Ce qui se passe depuis hier soir à l’Assemblée Nationale est monstrueux et affligeant.

Une nouvelle fois, un débat s’est engagé pour la promulgation d’une loi soi-disant destinée à protéger la création et à prévoir les conditions d’une rémunération décente et viable pour les créateurs diffusés sur Internet.

Cette loi, HADOPI, troisième du genre en 6 ans (après la LEN, un peu plus large dans ses objectifs, et la DADVSI), qui va comme les précédentes peser pour longtemps non seulement sur les modalités des échanges sur Internet, mais aussi sur la structure et le développement de l’économie numérique en France, ainsi que sur les moyens d’expression offerts à la création, est débattue par à peine une cinquantaine de députés. Première énormité.

Il est à peine rendu compte des débats dan les média audiovisuels nationaux, dont l’essentiel du discours depuis quelques semaines a été de dissimuler au public les enjeux – en ne donnant quasiment la parole qu’à des représentants de gros producteurs ou éditeurs, toujours larmoyants et bien intentionnés à l’égard des créateurs. Deuxième énormité.

Or, tout en reconnaissant sur le fond et parfois dans le détail, l’échec absolu et l’inanité de la DADVSI, qu’ils avaient votée et défendue becs et ongles il y a près de trois ans, les députés de l’UMP n’ont pas daigné, en préalable au vote de sa “remplaçante”, soi-disant aussi géniale que ne l’était pas hier la DADVSI, abroger cette dernière, ou au moins en abroger les articles qu’ils condamnent aujourd’hui. Troisième énormité.

Ils ont également cet après-midi rejeté tous les amendements préalables, déposés même par leur camp ou leurs alliés du centre, visant à établir, malgré l’absurdité de la loi HADOPI qu’il leur reste à examiner tout entière, des modes de rémunération nouveaux et pérennes à l’égard des créateurs – démontrant par là que la loi qu’ils s' apprêtent à voter n’a de propos que de défendre les lobbies mercantiles qui exigent la surveillance de tous les échanges sur Internet et leur valorisation en espèces sonnantes et trébuchantes à leur seul profit. Quatrième énormité, il en est de nombreuses autres mais je m’arrête là.

Le débat est très technique et concerne bien d’autres points que ceux que je soulève, dont celui du financement des mesures qui vont être votées, et de sa faisabilité. Je vous invite cependant à prendre connaissance de ce qui a déjà été dit ici :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2008-2009/200901...
Et si possible à le suivre en direct chaque jour ici :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/seance/seancedirect....

La Présidence de l’Assemblée s’y étant engagée en préambule au débat, je vous invite également à réclamer auprès d’elle l’envoi gratuit de la vidéo de l’ensemble des débats lorsqu’ils seront terminés : il paraît essentiel que le plus grand nombre de citoyens de ce pays garde en archives les traces des ridicules espoirs, des fausses illusions et des mensonges qui ont été proférés dans un débat qui engage rien moins que l’avenir de notre création, celui d’une part importante de notre économie, celui du “rayonnement “ de notre culture, et celui de nos libertés civiques.

Je me permets aussi de vous renvoyer à ce texte, déjà ancien, mais en rapport total avec cette actualité déplorable :
http://srivron.free.fr/comvoyous.html


Serge RIVRON
site d’auteur à grand succès http://srivron.free.fr